Conception, réalisation et déclinaison graphiques de supports de communication imprimés et multimédias.

Off est un studio de graphisme multidisciplinaire.

Notre travail allie graphisme, identité visuelle, communication, littérature, culture, typographie et édition.


OFF Paris
84, rue Albert
75013 Paris

olivier.fontvieille@offparis.fr
06 73 63 88 61
anne.ponscarme@gmail.com
06 08 25 71 39

Au diable vauvert, un coup de foudre esthétique

La rencontre : J’ai rencontré Marion lorsque je collaborais avec Nata Rampazzo. On réalisait les couvertures des Éditions 1 001 nuits à l’époque, Marion est arrivée tout sourire. Dehors elle l’appelait « Le Beau Nata ». Ils avaient travaillé ensemble lorsque Marion était chez J’ai lu. À cette occasion elle était accompagnée de Mandy qui était au début de l’aventure.

Le postulat de départ : Je me souviens que Marion nous avait donné une feuille de route expliquant les visées de la future maison d’édition. L’idée forte était de décloisonner certaines littératures de niche (comme la science-fiction) et les traiter au même titre que la grande littérature… C’était une évidence, elle avait raison, avec le recul a-t-elle atteint ce but ? Oui, plus personne ne peut dire que la sf n’est pas un art majeur, la sous-culture d’hier est devenue la culture mainstream d’aujourd’hui… Non, dans les bacs, souvent les genres sont encore très dissociés…

Le logo du diable : Tout de suite la volonté de Marion était d’avoir une marque, un logo qui serait sans cesse changeant… un peu comme les pingouins de Penguin Books mais en plus vivant et plus interactif, plus dans la thématique des livres… C’était une idée géniale de sa part… Les lecteurs, au début, il y a que cela qui les intéressait… qu’allait faire le diablotin sur la prochaine couverture ? J’avoue que sentant que ce commanditaire étant vraiment plus cool qu’habituellement, j’ai tout de suite fortement sexué le diablotin… C’était facile… être rémunéré à dessiner des sexes me mettait en joie… mais imagine-t-on le diable eunuque ? Impossible…

Une écriture maison : Nous étions tous d’accord pour ne pas « charter », ne pas réaliser une maquette de couverture unique. La charte figée ne correspond pas à l’esprit du Diable… Quand tu t’appelles le Diable tu ne peux pas porter tous les jours le même costume gris… Chaque couverture serait une nouvelle création. Moi, ça m’allait, j’adore chercher des nouvelles réponses. On regardait plus vers les couvertures anglo-saxonnes.

Culture alternative : On avait un collègue de travail qui était un fan des auteurs que publiait Marion, il me raillait parce que moi je ne les avais pas lus… Mes références étaient alors plus visuelles et plus classiques. Je me suis souvent demandé si c’était une faute de ma part. Je ne crois pas… J’étais beaucoup plus libre de ce fait. Le côté punk décalé et offrir une voie aux marginaux me convenait.

Le paradoxe et le piège de toute identité : Très vite ça a marché, les libraires ont vu la différence.

Les textes étaient très forts, le graphisme suivait… Et puis au bout de quelques années, cinq, six peut-être, on s’est rendu compte que notre identité pouvait être un piège. On nous cataloguait comme l’éditeur des marginaux… Cela pénalisait les titres qui pour nous étaient des classiques capables d’être lus par tous. Il a fallu adapter le graphisme des couvertures pour ces auteurs. Maintenant cette problématique se pose moins, le catalogue est plus fourni et depuis d’autres maisons d’édition ont, elles aussi, adopté des identités graphiques plus souples. L’identité visuelle est toujours un point d’équilibre délicat à trouver : plus l’identité générale de la maison est forte moins l’identité du titre et de l’auteur l’est et inversement… C’est au cas par cas.

Mes rapports avec le Diable : J’ai coutume de dire que si tous les clients étaient comme le Diable on vivrait au Paradis…

Mes rapports avec Marion : Marion est de la même génération que mon frère aîné, je crois que c’est un des facteurs qui font que nous sommes devenus proches. On dit que l’on aime les gens pour leurs défauts, Marion est la reine de la digression, telle le feu follet, elle part dans tous les sens… pas facile, mais j’adore… on parle livres… on parle de la vie…

Mes rapports avec les auteurs : Je n’ai que très rarement des contacts directs avec les auteurs. Marion et son équipe font la plupart du temps l’interface. À part quelques petits mots de remerciements… ou pas… À chaque fois que j’ai l’occasion de les rencontrer c’est un privilège que je savoure.

Une bonne couverture ? Comme le dit Chip Kidd, la couverture donne la première impression. Elle peut jouer un rôle lors d’un achat d’impulsion. Je la vois comme une mini-affiche qui diffuserait un état d’esprit, une ambiance. Elle raconte le livre sans jamais le décrire. C’est un jeu magique entre différents sens : celui des mots, celui des jeux typographiques, celui des images… C’est un phénomène bien trop capricieux pour vouloir en donner une quelconque définition.

Ce qui différencie l’esthétique du Diable des autres maisons : Je crois que l’esthétique d’une maison d’édition est avant tout une histoire de personnes et non de graphisme. Un peu comme l’intérieur d’une maison reflète ses habitants. La liberté et la diversité du catalogue, ses centres d’intérêt, voilà les éléments qui différencient l’esthétique de cette maison de celle des autres.

Ce que j’ai appris… J’ai découvert un univers, celui des livres, des idées, des rêves, des mots.

Anecdotes et souvenirs…